PREAMBULE

 

       S’il fallait découvrir un dénominateur commun aux oeuvres de Claude Laval, nous pouvons affirmer sans crainte d’erreur qu’on le trouverait dans cette formule: une force d’expression en prise directe avec l’émotion. Chacune d’elles correspond à une séquence accessible à travers des titres transparents, éloignés des formules passe-partout de certains peintres abstraits : Composition ou Sans titre, qui, sous prétexte de laisser une liberté d’interprétation, ne proposent que vacuité.

 

 

       Pour bien interpréter la production de notre artiste dans sa continuité, il faut se reporter à ses origines: à ce choc physiologique et émotionnel, à la suite duquel elle s’est accrochée à ses pinceaux avec une fièvre qui favorisait certaines facilités. Peu à peu, par une lente et patiente gestation, elle a mis un frein à cette logorrhée picturale, en s’imposant un souci d’élaboration et de construction, qui l’a conduite à des oeuvres plus achevées: celles qu’elle nous présente aujourd’hui, à propos desquelles on peut parler de rigueur.

 

 

       Cette évolution, qui n’exclut pas le style des premières oeuvres, est sensible à des références   émotionnelles qui peuvent tenir de la méditation comme du quotidien. Nous pensons au lyrisme flamboyant de la "Corrida", au vertige éblouissant de "l'Été rouge", à la paix virgilienne qui imprègne son "Chemin des oliviers", aux délicates broderies végétales de "Botanique", à la vigueur prométhéenne de "Lutte divine" ou de "Théâtre grec"... Quel poème on pourrait écrire en mélangeant

tous ces titres !

 

 

 

       Claude Laval a réussi ce prodige : rester elle-même en évoluant. Aucune brisure majeure n’est intervenue dans sa production. Sa verve initiale s’est assagie sans perturber l’intensité de sa réserve émotionnelle.

 

 

       N’est-ce pas le signe d’une grande artiste ?

 

Michel Peyramaure

Ecrivain